L’état des lieux

Cet œil porté à la fois sur l’environnement et sur la santé des populations permet de mieux caractériser les territoires à l’échelle du nouveau périmètre régional en matière de santé environnement et d’en dégager des enjeux.

LA NORMANDIE EN QUELQUES CHIFFRES :


Plus de 3 millions de Normands

La Normandie est une région de 3.334.660 habitants (janvier 2015), soit 5,2% de la population métropolitaine. Son territoire, en majorité rural, comprend trois pôles principaux de population de plus de 100.000 habitants - Caen, Rouen et Le Havre. La population normande a un dynamisme démographique modéré (+0,27% par an) essentiellement dû à l’accroissement naturel ; un vieillissement accéléré de cette population est constaté dans les départements de l’Orne et de la Manche.

Des inégalités sociales marquées

La population comprend plus de 1,5 millions d’actifs en Normandie représentant 72,2% de la population âgée de 15-64 ans soit un taux légèrement inférieur à la moyenne nationale. Cette activité est inégalement répartie sur le territoire ; on constate une part importante d’ouvriers (25 des actifs ayant un emploi) qui se situent principalement autour de la vallée de la Seine mais aussi dans l’Orne et la Manche, ainsi qu’un nombre d’agriculteurs exploitants élevé dans l’Orne (4,8 ) et la Manche (4,4).
Les départements de l’Eure et de l’Orne présentent une part de jeunes sortis du système scolaire non diplômés plus importante que la moyenne française (respectivement 14,4 et 13,1 contre 12,3% en moyenne en France métropolitaine).
La part de foyers fiscaux non imposés est plus élevée en région qu’au niveau national, avec une surreprésentation dans les départements de l’Orne et de la Manche. Le taux de pauvreté régional est inférieur à la moyenne nationale mais cache des disparités infra-régionales, les taux de pauvreté de l’Orne et de la Seine-Maritime étant plus importants.
Globalement la région présente des inégalités sociales marquées. Les populations les plus défavorisées sont domiciliées en majorité en zones urbaines et dans certaines zones plus rurales (Orne, Manche et Nord Est de la Seine-Maritime).


PRESSIONS LIÉES AUX ACTIVITÉS HUMAINES


Urbanisation

L’étalement urbain est très marqué en Normandie du fait notamment d’une part importante de logements individuels (67% de maisons individuelles), ce qui entraîne un besoin accru de mobilité et une pression sur les espaces agricoles et naturels.


Agriculture

Terre agricole (69% de la surface régionale est consacré à l’agriculture en 2014), la Normandie a des productions principalement orientées vers les grandes cultures et l’élevage laitier. L’activité agricole est très consommatrice de pesticides avec 5000 tonnes de substances actives de pesticides vendues en 2014 globalement en augmentation depuis 2011 surtout dans l’Eure, la Seine Maritime et la Manche. Par ailleurs, les Indices de Fréquence de Traitement (IFT) sont quasiment stables entre 2011 et 2014. L’agriculture biologique représente une faible surface (3,3% de surface agricole utile en 2015) mais ce secteur est en forte croissance.
Industrie

La région se caractérise par un tissu industriel relativement dense en Vallée de la Seine et autour de grandes agglomérations (plus de 1350 ICPE industrielles et 345 agricoles soumises à autorisation, dont 46 de type Seveso seuil haut). Les ICPE agricoles sont les plus nombreuses dans la Manche. L’activité nucléaire est importante avec 6 installations nucléaires (principalement en Seine Maritime et dans la Manche).
Des friches industrielles témoignent d’activités historiques de mise en œuvre de l’amiante particulièrement dans la vallée de la Vère (Orne et Calvados) et en Seine Maritime.


Transport

Les Normands se déplacent de façon prépondérante au quotidien en voiture (83 des déplacements), y compris pour les trajets courts (moins de 3 km). Les transports en commun se développent principalement dans les centres urbains.

QUALITÉ DES MILIEUX ET EXPOSITION DE LA POPULATION


Eau

La qualité chimique des masses d’eaux souterraines est très dégradée du fait principalement des pesticides et des nitrates. Les eaux superficielles présentent également un état dégradé, tant d’un point de vue écologique que chimique, avec notamment des contaminations chimiques liées aux micropolluants organiques (HAP, PCB, phtalates) et aux pesticides. Malgré une ressource dégradée, l’eau distribuée est globalement de bonne qualité. Si les analyses du contrôle sanitaire montrent que les eaux distribuées dans la région sont de très bonne ou de bonne qualité microbiologique, en revanche, quelques unités d’alimentation sont concernées par des non conformités récurrentes majoritairement pour les pesticides. 80% des captages disposent de périmètre de protection. Les eaux littorales sont dégradées en baie de Seine et à l’Est de la région mais les eaux de loisirs sont de bonne qualité. La ressource coquillière est abondante mais sensible aux pollutions.

Air extérieur

Les teneurs en particules en suspension dépassent les recommandations de l’OMS en Normandie, ce qui atteste d’une pollution chronique largement répandue sur le territoire. Les sources de pollution particulaire (chauffage, activité agricole, transport et industrie) et mécanismes de formation sont variés, avec des composantes saisonnières marquées. En Normandie, 2600 décès seraient attribuables chaque année à la pollution de l’air par les particules. Le dioxyde d’azote est un polluant qui dépasse encore ponctuellement les valeurs limites européennes, en situation de proximité du trafic, dans l’agglomération de Rouen principalement. Au-delà de cette pollution chronique, on observe chaque année des épisodes de pollution particulaire, principalement l’hiver et au printemps, ainsi que, dans une moindre mesure, à l’ozone l’été. Les pesticides sont retrouvés dans l’air aussi bien en milieu urbain, péri-urbain qu’en campagne. 16 (soit 1.454) des établissements normands accueillant des personnes vulnérables (jeunes enfants, établissements sanitaires et médico-sociaux) sont situés à proximité de zones d’épandage de pesticides. Les principaux pollens allergisants en Normandie sont les graminées et le bouleau, à l’origine de pics d’allergie au printemps.

Habitat et espaces clos

En 2013, 5% des résidences principales du parc privé normand (près de 58 000 logements) étaient potentiellement indignes.
Du plomb est encore présent dans les peintures de l’habitat ancien (construit avant 1949) et de l’amiante dans les matériaux de construction des bâtiments.
Des enjeux forts de santé concernent la qualité de l’air intérieur dans l’habitat sous l’influence principalement de sources internes et des conditions de ventilation.
Un potentiel radon lié aux formations géologiques concerne des communes dans l’Ouest de la région.


Sols

De nombreux sites et sols pollués (465) sont identifiés en majorité dans l’Est de la région et le long de la vallée de la Seine parfois à proximité d’établissements accueillant des jeunes.


Bruit

Au moins 37.000 personnes sont potentiellement exposées aux abords des infrastructures routières de transports à des niveaux sonores de plus de 65dB(A) nécessitant des plans de prévention de bruit dans l’environnement (PPBE).

L’ÉTAT DE SANTÉ DES NORMANDS EN LIEN AVEC DES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

En préambule, il faut rappeler que l’état de santé présente des causes multifactorielles et est une conséquence de nombreux déterminants (sociaux, individuels, environnementaux) qui interagissent. Globalement la région présente un état de santé dégradé  : 2è région la plus touchée par une surmortalité prématurée (avant 65 ans) liée principalement aux décès par cancers et maladies de l’appareil circulatoire. On constate des inégalités territoriales fortes avec une situation plus défavorable dans les départements de l’Eure et de la Seine- Maritime chez les hommes comme chez les femmes.

Cancers

En l’état actuel des connaissances, il est difficile d’estimer la part des cancers liés aux expositions environnementales  : de 12% à 29% pour certains cancers selon l’OMS. Au regard des facteurs environnementaux, six localisations sont considérées prioritaires  : poumons, tumeurs cérébrales, lymphome non hodgkinien, mésothéliome pleural, leucémies aigües et cancer de la peau.
La Normandie présente une situation plus dégradée qu’au niveau national pour les cancers bronches-poumon, les cancers de la plèvre liés à l’amiante et ceux de la peau liés aux rayons ultraviolets.

Pathologies respiratoires

La prévalence de l’asthme est estimée entre 7 à 10% en France et en augmentation. La région présente un taux d’hospitalisation pour asthme plus élevé que la moyenne nationale chez les jeunes de moins de 15 ans.

Pathologies cardiovasculaires et facteurs de risques
La Normandie est la 3è région la plus touchée pour la mortalité par cardiopathies ischémiques et le taux d’obésité est en progression avec près de 20 des Eurois et Seino-marins considérés comme obèses.

Facteurs environnementaux spécifiques

Le nombre d’intoxications au monoxyde de carbone est en baisse ces dernières années de même la prévalence du saturnisme infantile diminue depuis 2006.
Il n’y a pas de constat de situations épidémiques liées à la contamination de l’eau par des microorganismes depuis 2006.
Près de 8% des collégiens de 5è présentent des troubles auditifs selon une étude menée en Seine-Maritime et dans l’Eure.

EN RÉSUMÉ

Cliquez sur l’image

Partager la page